Le visiteur

2 février 2013

1993, 87 p.

4 e de couv :

Vienne 1938 : les nazis ont envahi l’Autriche et persécutent les juifs.
Par optimisme, Sigmund Freud ne veut pas encore partir ; mais en ce soir d’Avril, la Gestapo emmène Anna, sa fille, pour l’interroger. Freud, désespéré, reçoit alors une étrange visite. Un homme en frac, dandy léger, cynique, entre par la fenêtre et tient d’incroyables discours...
Qui est-il ? Un fou ? Un magicien ?Un rêve de Freud ? Une projection de son inconscient ?
Ou bien est-il vraiment celui qu’il prétend être : Dieu lui-même ?
Comme Freud, chacun décidera, en cette nuit folle et grave, qui est le visiteur...

Ma chronique :

On retrouve là l’art de mêler des personnages réels, connus de tous à une fiction, exercice dans lequel E-E Schmitt excelle.

Dans cette pièce l’auteur aborde ses sujets fétiches concernant l’existence ou non de Dieu, la croyance ou non des hommes, la liberté et le libre arbitre, l’influence et la présence de la musique.

C’est un bel exercice de style que d’affronter la psychanalyse à travers l’un de ses fondateurs, Freud (en personne !), et une représentation du Dieu créateur à travers de sa représentation humaine, l’inconnu.

Le doute va s’immiscer, cet inconnu est-il Dieu ou un fou mystificateur. Tout est possible. Le Doute est très significatif.

Ajoutez à cela le Mal qui rode par l’entremise des nazis arrêtant les juifs à Vienne.

Anna, la fille, la chair de la chair de Freud va être emmené pour faire pression sur Freud. Le père va être confronté aux affres de la peur. Son angoisse, perdre son enfant, et souffrir de se demander si elle souffre. L’impuissance face à cette mécanique humaine que Hittler a mis en place.

Voici qu’une lecture en rappelle une autre, « la part de l’autre » que j’ai lu en début d’année.

Le thème du suicide est une nouvelle fois abordée. Freud l’a envisagé comme solution à la fin de sa souffrance physique mais son esprit l’a refusé.

La peur paralyse son esprit, il faudra l’intervention de l’inconnu. Il lui donne une photo de son oncle et cela lui permet de reprendre pied dans la réalité pour pouvoir retourner la situation a son avantage. L’homme a souvent besoin de voir pour croire, d’où la difficulté à partager une foi quelconque.

C’est une pièce forte, aux dialogues percutants, qui montrent un exemple de confrontation de deux intelligences. Le doute subsistera par delà la fin de l’entrevue.

Le théâtre de la réflexion !

*****

Ne voulant pas bâcler la lecture des romans de Eric-Emmanuel Schmitt qui sont encore dans ma PAL j’arrête là mon challenge. Merci encore à unchocolatdansmonroman pour m’avoir incité à lire tous ces livres qui étaient en attente !