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L'Atelier de Ramettes
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20 novembre 2012

Au-delà des rizières

Naivo

Editions Sépia, 2012, 350 p., 20 €

LU DANS LE CADRE D'UN PARTENARIAT LES AGENTS LITTERAIRES / SEPIA

rizières

4 e de couv

Fara la petite villageoise et Tsito son esclave traversent les tumultes de la société malgache du XIXe siècle. Entre luttes de pouvoirs, traditions et nouveau contexte politique et social, ils tenteront de survivre aussi bien près de leurs rizières qu'aux abords du palais d'Antananarivo, observant leurs contemporains avec effroi et curiosité. Suspens, amour et terreur emportent les personnages tandis que se profilent en arrière-plan les silhouettes des souverains Radama Ier et Ranavalona, des missionaires anglais et des devins maléfiques. Dans une langue française irriguée de poésie malgache, cette fresque passionnante emportera le lecteur dans un monde bouleversé et bouleversant.

Biographie de l'auteur

Naivoharisoa Patrick Ramamonjisoa, qui signe Naivo a grandi, comme enfant de diplomate, dans divers pays du monde avant de suivre ses études à Madagascar, à Paris et au Canada où il vit aujourd'hui avec sa famille. Un temps journaliste et enseignant, il écrit depuis longtemps en français. Alors qu'une de ses nouvelles avait été primée en 1996 au Concours RFI/ACCT, Au-delà des rizières, roman historique où se mêlent la grande et la petite histoire de l'Imerina, est son premier texte publié.

Ma chronique :

Dans un premier temps on va de l’extérieur vers l’intérieur. Tsito intègre le village et la maison de Fara. Puis viens le temps d’aller vers l’extérieur et c’est la fin de la tranquillité et de l’enfance. L’Extérieur va venir envahir l’espace intime. On va vers le destin d’un pays.

Le christianisme sape petit à petit les bases d’une société de la tradition et des forces de la nature.

Cela commence par une histoire à deux voix, on alterne un chapitre c’est Fara « l’enfant interdite » qui donne son point de vue et puis c’est Tsito « l’esclave ». Vient un moment où l’on entend plus la voix de Tsito que de Fara avant de reprendre le rythme.

Arrive aussi le moment où l’esclave et la maîtresse ne sont plus des enfants, vivant sous le même toit. Chacun restera à sa place. Tsito se rendra compte qu’il ne fait pas partie du rêve de Fara, il l’aura accompagnée jusqu’à l’aboutissement du projet de la jeune fille gagner le « fampitaha » un concours de danse traditionnelle. Elle changera de statut au sein de sa communauté, de petite fille elle devient jeune fille attirante. Fara est libre mais en tant que femme jusqu’où porte sa liberté ?

Le temps où  Bebe la grand-mère ne contera plus les légendes et les contes de la tradition orale. C’était très intéressant de lire ses légendes.

Mais, le destin va les emportés. Le petit esclave va savoir jouer de son intelligence et se lier aux personnes qu’il faut. Des choix s’offrent à chacun et selon ses décisions va évoluer.

J’ai beaucoup aimé le passage sur la diffusion des textes littéraires. « Robinson Crusoe », « Paul et Virginie », « Othello » parleront plus que la « Bible » au jeune adolescent qui rêve d’un destin d’homme libre. On voit la diffusion des idées faire leur chemin.

Le texte est émaillé d’adages, de proverbes et de dictons qui dessinent une société soumise à des us et coutumes très encadrée et hiérarchisée. C’est une société ou les castes et les clans sont très marqués. Les descriptions des fêtes et cérémonies sont très bien détaillées et pas du tout superflues.

On atteint une autre facette du récit lorsque les enjeux politiques, les rivalités et le pouvoir vont mettre déstabiliser certains « seigneurs ». On suit les bouleversements de toute une époque. Les échanges de denrées montrent l’évolution des routes maritimes et commerciales.

Le lexique et la brève chronologie » sont une bonne initiative car cela nous aide à suivre les événements… pour qui ne connaît pas ce bout du monde.

A travers ce roman je découvre Madagascar, c’est le premier roman que je lis où elle est un décor et presque un personnage, tant on la sens vivre et vibrer.

L’écriture de Naivo nous entraîne dans l’aventure avec dans son  sillage des vocables malgaches qui nous font découvrir des sonorités de cette langue.

Un petit regret c’est le manque de souplesse dans l’ouverture du livre pour lire la partie centrale.

 

Je remercie agents &SEPIA, pour ce beau voyage littéraire.

coup coeur

 5/5

 

Citation 1 :

« Le mensonge aime à se vêtir comme un conte, dit le proverbe. Mais Faly semblait dire la vérité. Il donnait des détails trop précis pour avoir été inventés. Il est suffisamment âgé pour avoir pu être témoin de l’événement survenu il y a quelques années. » (p.39)

 

Citation 2 :

« J’avais moi-même remarqué les changements qui intervenaient sous  nos yeux parmi les hommes qui vivaient sous le ciel. » (p.109)

 

Citation 3 :

« Andriantsitoha me confia plus tard qu’il luttait de toutes ses forces pour s’empêcher d’expurger d’un trait la chose visqueuse qui lui coulait dans la gorge. Le goût  lui semblait abominable et l’odeur pestilentielle.

- Qu’est-ce donc ? s’enquit-il avec une feinte nonchaleance, après avoir péniblement dégluti.

- C’est une denrée précieuse qui connaît une grande vogue chez les Vazaha. Il paraît que cela a de nombreuses vertus cachées.

- Et comment cela s’appelle-t-il ?

- Du chocolat.[…] » (p.115)

 

Citation 4 :

« Les lunes passent. Manarivo aura bientôt un an. Tsito ne donne toujours pas singe de vie. Je me prends de plus en plus souvent à rêver de lui. Dans la vie de mes songes, je parcours la Cité des Mille à sa recherche. Sa haute silhouette apparaît parfois au détour d’une ruelle, et je l’appelle de toutes mes forces. Mais ma voix se perd dans la foule compacte et il disparaît sans m’avoir entendue. Je cours dans sa direction mais la foule freine ma progression. » (p.251)

 

Qui en parle ?

L'Express de Madagascar

"Africulture"

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