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L'Atelier de Ramettes
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2 février 2016

Le tort du soldat

Erri De Luca

Trad. Danièle Valin

Folio, 2015, 87 p., 5,90 €

Mes lectures FOLIO

tort du soldat

4e de couv. :

Un vieux criminel de guerre et sa fille dînent dans une auberge au milieu des Dolomites et se retrouvent à la table voisine de celle du narrateur, qui travaille sur une de ses traductions du yiddish. En deux récits juxtaposés, comme les deux tables de ce restaurant de montagne, Erri De Luca évoque son amour pour la langue et la littérature yiddish, puis, par la voix de la femme, l’existence d’un homme sans remords, qui considère que son seul tort est d’avoir perdu la guerre…

Le tort du soldat est un livre aussi bref que percutant qui nous offre un angle inédit pour réfléchir à la mémoire si complexe des grandes tragédies du XXe siècle.

 

Ma Chronique :

Le titre est tiré d’une phrase du texte qui me semble très juste :

« Le tort du soldat est la défaite. La victoire justifie tout. Les Alliés ont commis contre l’Allemagne des crimes de guerre absous par le triomphe » (pp. 46-47)

Et malheureusement, il me semble que c’est encore vrai pour d’autres conflits.

Dans une première partie, nous avons un narrateur-traducteur qui nous parle des langues et du silence. De la mémoire et du silence (que l’on confond avec l’oubli). De l’écrit et du silence par des non dits. De l’intériorisation. Que le personnage soit un traducteur et de plus que le Yiddish ne soit pas sa langue maternelle sont des éléments très importants.

On est dans le détail de l’alphabet  pour nous parler de la shoah. J’aurais préféré la lettre Aleph en couverture du livre.

Entre Histoire et souvenirs du narrateur viennent illustrer le travail du traducteur. Le yiddish est présenté  comme une langue murmurée. Le traducteur-lecteur ne peut travailler sans susurrer  les mots, ce qui aura une conséquence sur la suite des événements.

La deuxième partie nous avons une histoire différente, celle d’une jeune fille et de son père ancien nazi. Il y a changement de nom pour protéger son anonymat et avoir une nouvelle vie. Elle nous parle de la découverte de ce fait et des choix qu’elle a dû faire. Son silence se traduit par une intériorisation dans sa propre chair.

Autres sujets : l'obsession, le rejet de la culpabilité sur l'autre, la dissimulation..

On retrouve des thèmes qui sont déjà présents  dans l’autre narration comme le silence et le silence. J’ai aimé suivre ces explorations de l’intime combiné à la verticalité du regard (Ascension/chute, montagne et gouffre…).

J’ai beaucoup aimé tous les petits détails sur la langue. Le choix des mots et leurs  sens cachés, leur profondeur. L’effet de miroir entre deux versions d’une histoire.

Le thème de la famille et des souvenirs d’enfance sont des sujets intéressants qu’Erri De Luca aime explorer.

Je remercie Folio pour cette lecture très intéressante.

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