La mise à nu des époux Ransome

1 décembre 2011

Alan Bennett

1999, 118 p.

LU DANS LE CADRE D'UN PARTENARIAT LIVR@DICT / FOLIO

CLUB DE LECTURE D'AUF

4 e de couv :

Un soir, en rentrant de l'opéra, M et Mme Ransome incarnation de la bourgeoisie britannique contemporaine pétrie de convenances et de snobisme retrouvent leur appartement cambriolé, ou plutôt absolument vidé.
Tout a disparu, jusqu'aux plinthes et au papier toilette. Monsieur cherche les coupables, Madame, d'abord effondrée, se rêve finalement une nouvelle vie et, pendant que le couple tente de faire face avec flegme aux événements, le fragile voile des conventions se déchire et les masques tombent. Il va falloir manger, se laver, trouver du linge et affronter le monde extérieur, ce grand inconnu peuplé d'individus aux manières extravagantes - épicier pakistanais, grossier inspecteur de police, ménagère abrutie de télévision.
A la clef, une révélation : le mode de vie des Ransome et ses fondements sont bien partis avec les meubles ! Un pastiche social très réussi qui au passage égratigne sans vergogne le couple et ses petits compromis.

ma chronique :

En tout premier lieu, c'est la photo de la couverture qui donne le ton ... Un couple bien comme il faut dans un décor bien rangé ! ça donne presque froid au dos ses gens figés.

Dès le début, on entre dans le vif du sujet : un incroyable vol, un appartement bourgeois complètement vidé, un couple quinquagénaire sans enfant et sans histoires. On est à la limité de l'absurde. Pourquoi eux et pourquoi de cette façon ? Bien sûr personne n'a rien vu ni rien entendu, tout l'immeuble est à leur image, chacun chez soi et discrétion de rigueur.

Les êtres révèlent après un drame leur vrai nature. On voit chez Mr. Ransome surtout ses défauts s'accentuer : égocentricité, mesquinerie, hypocrisie et avarice... Par contre, Mrs Ransome tel un papillon sortant de sa chrysalide se transforme et déploie ses ailes. Quoiqu'ankylosée elle va s'ouvrir au monde. Son appartement vide est comme une page effacée prête à une réécriture.

Elle va faire des rencontres inattendues qui vont lui montrer qu'un monde parallèle au sien existe et qu'il n'est pas aussi dangereux qu'on le lui a fait croire. Les préjugés, les idées reçues et les conventions sociales l'ont formatée, mais pas totalement. Certaines rencontres vont faire remonter des douleurs refoulées.

Ironie du sort, pour l'un des personnages ce qui est sa raison de vivre causera sa mort. J'ai trouvé cette trouvaille cocasse malgré le drame.

J'ai bien aimé l'idée des vases communiquant :

L'appartement plein correspond à un vide intérieur pour Mrs Ransome. Alors que l'appartement vide permet à Mrs de remplir sa vie. Quand au voisin il a rempli un appartement et à perdu celle qui en ai à l'origine. On retrouve aussi ce thème avec la vie et la mort.

Pour certains "un seul être manque et le monde est dépeuplé" pour d'autres c'est le contraire.

J'ai trouvé très amusant aussi le rôle de la télévision dans l'intrigue.

J'ai trouvé Mrs Ransome très attachante mais je n'ai eu aucune sympathie pour les hommes qui sont présentés comme des enfants égoïstes.

La fin a quelque chose d'effrayant... C'est ironique... de l'humour noir, de l'humour anglais !

Je remercie les éditions pour ce partenariat avec