3 bis , rue Riquet
Frédérique Le Romancer
Editions Denoël, 2018, 324 p., 19,90 €
Mes lectures Denoël
4e de couv. :
3 bis, rue Riquet, Toulouse, un immeuble banal. Enfin pas tout à fait : Cécile, au rez-de-chaussée, traductrice agoraphobe, ne quitte jamais son appartement. Elle surveille les allées et venues de ses voisins par le judas de sa porte et s’invente des vies rocambolesques.
Au premier, Lucie aime sortir et boire dans les bars en espérant le grand amour, via Internet.
En face, Madeleine, la comtesse Mado des trottoirs, a connu ses heures de gloire dans le quartier. L’âge venu, il ne lui reste plus guère de clients et les fins de mois sont difficiles.
Seul homme de l’immeuble, Marc est un quadragénaire arriviste qui a spéculé en achetant le dernier étage. La présence d’une prostituée qui travaille à domicile dérange ses plans, il aimerait bien s’en débarrasser.
Mais la comtesse Mado a du répondant, et la crudité de son langage cloue le bec du jeune cadre sans scrupule. Pourtant, la vieillesse est cruelle, et le métier exige d’avoir les idées claires. Alors Mado bat le rappel de ses amies tapineuses et de ses voisines. C’est le combat de la dernière chance, elle le gagnera!
Mon Billet :
J’ai choisi ce roman car il se passait à Toulouse (pas trop loin de chez moi) et les personnages principaux habitaient le même immeuble. L’idée de microcosme humain me plaisait. Je ne m’attendais pas à la façon dont Frédérique Le Romancer a choisi d’aborder l’histoire. Ce fut une agréable surprise car j’ai trouvé original le fait de mettre l’accent sur la prostitution et le sexualité. Attention rien de choquant ou de sulfureux.
Ce roman traite de la solitude, de l’isolement, de la vieillesse, de la misère sentimentale et sexuelle. Ce qui est paradoxal car ils sont quatre âmes seules dans un même lieu. Le regard de la société sur la prostitution est toujours aussi hypocrite, simple constat.
Madeleine, Mado pour les intimes a dans les 80 ans, c’est une prostituée à l’ancienne. Par certains côtés elle incarne la fin d’un monde. On va suivre sa rapide chute.
Cécile, Lucie, Marc ont des attitudes différentes face au sujet. Cela semble avoir un impact sur les relations aux autres. Chacun va découvrir des facettes de l’autre à sa façon. C’est comme si Mado était un catalyseur. Tout à coup un grain de sable modifie l’action des rouages qui semblait bien huilés. Rien ne va plus !
On va découvrir le monde de la nuit, des trottoirs avec leurs codes. Ce monde va s’inviter le jour, la mise en lumière va rendre un peu de l’humanité à ces personnes qu’on fait semblant qu’elles n’existent pas.
Cela commence avec la gouaille de Mado qui dit tout haut ce qu’elle pense alors que les autres vivent sans faire de bruit leur souffrance. Comme si être silencieux pouvait masquer la misère sentimentale. On est vite touché par Mado et les autres personnages. J’ai été émue par certains par ces personnages certains haut en couleurs et d’autres presque transparents.
Ce n’est pas un roman triste, c’est plutôt traité comme une comédie avec des réparties très colorées et des situations cocasses. Il y a un côté je mets un écran pour mieux me protéger ou me dévoiler, que ce soit une porte, un écran d’ordinateur ou autre. Alors que Mado affiche pour mieux protéger ses sentiments et ses blessures.
Mado va changer la vie de bien des personnes. Entre la première scène et la dernière plus rien n’est pareil.
Je ne verrai plus Toulouse de la même façon !
Je remercie les éditions Denoël pour leur confiance.