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L'Atelier de Ramettes
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20 septembre 2016

Jeux de vilains

Iben Mondrup

Trad. : Caroline Berg

Editions Denoël, coll. Denoël & d'ailleurs, sept 2016, 330 p., 22,50 €

Mes lectures Denoël

B26709

4e de couv.

Godhavn est une petite ville sur l’île de Disko, située à l’ouest du Groenland. C’est là que s’est installée une famille danoise avec trois enfants qui, chacun à leur manière, tentent de trouver leur place dans cette petite communauté du bout du monde, où cohabitent trappeurs, pêcheurs et chiens de traîneaux faméliques. L’environnement hostile et le climat particulièrement rude ne facilitent pas leur intégration. Il y a Bjørk la fille cadette, capricieuse, égoïste et solitaire, Knut le garçon vulnérable et sensible, et leur grande sœur Hilde, la prunelle des yeux de leur père. Celle-ci tombe amoureuse de Johannes, un garçon de l’île, sauvage et imprévisible. Johannes se lie d’amitié avec la famille, et se retrouve au cœur d’événements violents et inattendus.
Iben Mondrup se penche sur la vie secrète des enfants, dont elle dévoile avec poésie, force et émotion les secrets les mieux gardés et les désirs les plus inavouables.

 

Mon billet :

Voilà un titre bien choisi. On se dit qu’on est dans l’innocence de l’enfance mais très vite on se rend compte que chacun joue à des jeux de vilains. On abandonne très vite le jeu de la marelle pour d’autres activités. La couverture reflète bien une certaine vision dans le roman.

Ce livre se compose de trois parties, il y  est question de  la vie d’une famille danoise au Groenland pendant une certaine période de plus ou moins un an. Trois enfants, trois âges et donc trois points de vue différents sur leur vie quotidienne.

Dans la première partie la parole est donnée à Bjørk, sept ans, qui nous montre ce qui se passe autour d’elle. Cela crée une certaine distanciation et rend le roman moins sombre que si c’était le point de vue d’une adulte.

On reconnait qu’il s’agit d’une enfant grâce à des expressions ou à des interprétations, mais pas de travail pour imiter.

Nous avons une vision de la vie de famille et notamment  de celle l’adolescence de Hilde quelle espionne et les tensions dans la fratrie. Ensuite, elle nous ouvre les portes des  aux autres enfants avec l’école. Leurs amitiés, leurs jeux, leurs disputes puis  la vie des adultes vue du point des enfants ou des adultes.

On découvre un monde en vase clos avec des différences de culture entre les danois et les groenlandais. Le manque de soleil, l’alcool et la violence jouent un rôle dans les relations.

Tout le monde n’arrive pas à s’intégrer. Chaque départ est une souffrance. Souffrance de l’adulte qui repart plus meurtri que lorsqu’il est arrivé et pour les enfants ce sont des séparations qu’ils subissent.

Iben  Mondrup crée une ambiance avec une violence qui se diffuse, avec des meutes de chiens, des chiens meurtriers, des chiens tués, des gens alcooliques, des tensions amoureuses, des couples plus ou moins en rupture.

Des non-dits, des silences ou des commérages. Il  y a des gens qui ferment et d’autres qui cherchent à pénétrer dans l’intimité en entrant dans leur maison.

Bjørk est à l’âge où l’on peut dire ce que l’on pense sans arrière pensée. Par exemple,  Kurt est en colère contre son père (p. 123) : « Je le hais, riposte t-il

-          Tu n’as pas le droit ça, le gronde maman.

-          Moi je trouve qu’on a le droit de dire ce qu’on veut, déclare Bjørk quand sa mère revient. Surtout si on est en colère. »

Dans  la deuxième partie nous avons le point de vue de Knut. On rembobine et on à un autre regard sur ce microcosme familial.  Dans cette petite communauté l’école Danoise va  du cp au collège, classes à niveau multiple. Knut est en sixième. Le cadet voit sa famille d’un regard plus  « externe » comme s’il n’était pas de cette famille. Il a une autre sensibilité. Il a René comme ami. Ils vivent des aventures où l’imagination prime. Sinon, il est plongé dans ses livres.

Les enfants se font une idée de ce que sont leurs parents. Knut  est à la recherche de l’âme des gens de leur personnalité profonde comme si les gens étaient deux, la partie intime et la partie sociale.

Knut se sent différent et il a une colère qui le brûle de l’intérieur. Cela donne des moments de tension très intenses. René et Knut me font penser à deux Tom Sawyer , jusqu’à leur séparation.

Les relations avec les autres enfants  ne sont pas toujours faciles. Harcèlement et timidité ne donnent rien de bon.

Dans la troisième partie la parole est donnée à la fille aînée qui a presque quinze ans. C’est une adolescente aux hormones qui bouillonnent. Une sorte de Diane Chasseresse qui découvre les premiers émois amoureux mais aussi la jalousie. Elle est dans le conflit permanent. Elle est à la recherche de son émancipation.

Trois enfants d’âge différents.  On a une fratrie avec le même père et la même mère,  mais avec chacun son caractère, sa place dans la fratrie,  sa façon de voir les autres, de voir le monde.

La notion du temps varie, il semble parfois suspendu et parfois le futur semble présent.

La sexualité est omniprésente que ce soit dans les jeux « innocents »de la fillette,  le jeune adolescent et ses premières pulsions, la jeune fille qui prend conscience de son pouvoir sexuel, les parents… Il règne une sensation un peu glauque d’inceste ou de pédophilie, dans les regards et les actes… Il y a une certaine perversité dans le regard et les attitudes des adultes, ce qui influence le comportement des enfants qui m’a dérangeait parfois.  

C’est un roman qui n’est pas complètement sombre il faut que chacun trouve sa place et sa façon de communiquer. La fin laisse entrevoir un certain espoir, tout n’est pas perdu.

Ce n’est pas un roman déprimant, il est juste très réaliste et il ne laisse pas indifférent. il y a une grande tension qui tient le lecteur sur ces garde en attente du drame... lequel on ne sait pas, alors on ne peut lâcher le livre. Il m'a fallu plusieurs jours avant d'écrire cette chronique, comme s'il me fallait un certain lapse de temps pour en sortir.

Je remercie les Editions Denoël pour leur confiance.

 

Denoel

Capturer% rentrée 2016

 

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Commentaires
J
Ça passe bien ces trois points de vue d'une même situation. Je n'ai pas senti le poids de la répétition car les angles de vue sont différents. Je regrette juste que les enfants ne pouvaient nous donner toites les clés sur la situation familiale. Plusieurs fois, l'auteur évoque des non-dits, des suppositions et nous n'en savons pas plus.
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