Le chapeau de Mitterrand

9 février 2013

Antoine Laurain

Piment, 2012, 208 p.

LU DANS LE CADRE DU CLUB DE LECTURE D'AUF

4^e de couv :

Un soir à Paris, Daniel Mercier, comptable, dîne en solitaire dans une brasserie, quand un illustre convive s'installe à la table voisine : François Mitterrand. Son repas achevé, le Président oublie son chapeau, que notre Français moyen décide de s'approprier en souvenir. Il ignore que son existence va en être bouleversée. Tel un talisman, ce célèbre feutre noir ne tarde pas à transformer le destin du petit employé au sein de son entreprise. Daniel aurait-il percé le mystère du pouvoir suprême ? Hélas, il perd à son tour le précieux objet qui poursuit sur d'autres têtes son voyage atypique au sein de la société française des années 1980. Cette fable pleine d'esprit et de malice possède comme le fameux chapeau un charme mystérieux - celui de ressusciter une époque et, surtout, de mettre au jour à travers une galerie de personnages notre rêve commun : voir s'accomplir par magie nos désirs les plus secrets.

Ma chronique :

Ce roman est une belle balade entre 1986 et 1987. Les tribulations d'un chapeau au temps de mon adolescence !

L’auteur ancre profondément sa narration dans cette fin d’année 86. Une année avec des bouleversements politiques. La première cohabitation, un président de gauche et un gouvernement de droite, une première ! La gauche avait eu le temps depuis 1981 de mettre de nombreux projets en route. Nous avons un François Mitterrand très emblématique de cette époque de « l’image » avec sa fameuse écharpe rouge et son feutre noir.

On trouve au cours de la narration des petits clins d’œil comme par exemple l’expression « la force tranquille » slogan publicitaire de la campagne présidentielle, ici cette qualité est attribuée au protagoniste.

Antoine Laurain dépeint ces années 80 par de petits éléments qui représentent cette époque.

Le premier personnage roule en Golf, il a un répondeur à cassette et il a un abonnement à Canal+, le « must ».

Tout au long de la narration, la musique tient une certaine place. Nous avons les titres phares de ses années Top 50. La télévision aussi tient une place prépondérante dans les références de cette époque, les séries américaines, les émissions cultes, « droit de réponse », le journal de Yves Mourousi et Marie-Laure Augry, etc.

J’ai trouvé amusant les jeux de mots avec les initiales dans le chapeau, FM comme François Mitterrand, mais aussi Fanny Marquant, Radio FM (modulation de fréquence).

Le chapeau de Mitterrand tombe entre les mains d’un sous-directeur insignifiant et il va lui donner une assurance qui va lui permettre de s’affirmer dans son travail. Comme si le charisme du président résidait dans ce chapeau. A son tour, Daniel va oublier ce chapeau fétiche dans un lieu public et c’est une jeune femme de 27 ans qui va s’en retrouver coiffée et sans savoir à qui il appartenait elle va prendre une décision qui va changer sa vie. Puis, elle va décider de passer le chapeau à un inconnu. Cette fois-ci, c’est un homme d’une cinquantaine d’année. Le suivant est à peu près dans la même tranche d’âge...

Nous aurons donc quatre aventures différentes. Mais, il va y avoir une liaison entre les histoires et une conclusion.

Ce roman est une ode aux années 80, la gauche caviar, époque de mouvement, de création, paillettes, dépoussiérage des vieilles idées.Bouleversements des classes sociales. On a tout un panorama des gens en vue à l'époque grâce à la présence de Jaques Séguela.

L’épilogue m’a agacé, c’est comme une cassure dans le rythme de l’histoire, même si on a une allusion aux services de renseignements généraux.

NB : Le cabinet du psy m’a fait penser à celui de du psy de « Sérum » de Loevenbruck, le fameux divan Napoléon III a-t-il changé d’adresse ?

Est-ce que cette histoire parlera au moins moins de 20 ans ?