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L'Atelier de Ramettes
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26 mai 2012

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Lee Harper

France Loisirs, 2005, 418 p.

Première publication 1960

 

 

LU DANS LE CADRE D’UNE LECTURE COMMUNE LIVR@DICT

CLUB DE LECTURE D’AUF

 

oiseau4 e de couv.

Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 - au coeur de la lutte pour les droits civiques -, connut un tel succès. Il ne suffit pas en revanche à comprendre comment ce roman est devenu un livre culte aux Etats-Unis et dans bien d'autres pays. C'est que, tout en situant son sujet en Alabama à une époque bien précise - les années 1930 -, Harper Lee a écrit un roman universel sur l'enfance confrontée aux préjugés, au mensonge, à la bigoterie et au mal. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. Couronné par le Prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur s'est vendu à plus de 30 millions d'exemplaires dans le monde entier.

 

Mon billet doux :

 

Ce n’était pas gagné d’avance. J’avais acheté ce livre car mes copines m’avaient dit attention « Chef d’œuvre ».  Mais c’est le genre de compliment qui fait peur. De plus le sujet autour de la ségrégation ça ne me tentait pas tant que cela.

J’ai donc profité de la lecture commune de BEL pour me lancer. Et j’ai bien fait.

Le roman se compose de deux parties :

Avant le procès

Pendant et après le procès

***

Chronique d'un procès perdu d'avance.

La première partie m’a beaucoup plu. Jean Louise, Scout adulte raconte quelques années de son enfance. Elle se remet dans la peau de celle qu’elle a été. Sans concession elle nous dit comment elle était. Ce n’est pas un tableau angélique. Il sort de la bouche de Scout ou de son entourages des propos tellement ancrés dans leur culture qu’on ne peut parler de racisme. Comme « ce n’est qu’un noir », alors qu’à côté ils côtoient les noirs sans à priori, cette ambivalence montre l’absurdité de la chose.

On suit Scout et son grand frère Jem, ainsi leur copain Dill dans leur apprentissage à travers leurs espiègleries. 

Ce qui peut sembler une longue mise en place c’est ce qui m’a plu. Bien montrer dans quelle ambiance le drame va avoir lieu. Bien montrer ce qu’est la vie en Alabama. Montrer l’ambiguïté entre le fait que la famille soit une très vieille famille blanche (ce que revendique la tante) et l’éducation moderne que donne le père des enfants.

Le regard que les enfants portent à leur père va changer au cours de l’histoire. Comme par exemple dans la scène du chien enragé.

Les réformes politiques et sociales qui bouleversent l’Amérique d’après la crise de 29 montrent la place de l’état dans la société américaine.

Les deux ans qui précédent l’histoire permettent d’étoffer la trame d’un procès qui devait être une affaire banale à l’époque.

 

Dans la deuxième partie on est au cœur du problème.

Les thèmes tourne autour de la tolérance / intolérence. Les deux versants de la justice celles pour les blancs et celles pour les noirs. Les droits de l’homme. Les préjugés. L’avocat ne veut pas déroger à ses  principes.

Comment tout peut basculer… les amis de tous les jours peuvent devenir des ennemis. Comment la vie d’un noir ne tient qu’à un fil. Le témoignage de l’accusé est sans ambiguïté, il s'avait que l'attention que lui portait une fille blanche pouvaient lui porter préjudice.

Certaines interventions, comme celles de la voisine, permettre de réajuster l’angle de vue.

C’est ce qui donne à ce roman une autre dimension. Ce n’est ni tout noir ni tout blanc… on a toute cette palette de gris qui montre la bizarrerie de cette situation.

Scout  nous dépeint son univers avec les différences catégories « castes » de sa région.

L’Amérique le pays de tous les possibles aussi bien dans le positif que dans le négatif.

Nous sommes en 1935. On a encore tout ce passé, ou passif de sudiste et on n’a pas encore la deuxième guerre mondiale qui va faire basculer les choses. On a des allusions à la montée du nazisme et de la persécution des juifs.

Chap 26 :

« - Miss Gates, c’est une gentille dame, non ? demandai-je.

- Tout à fait. Moi je l’aimais bien quand j’étais dans sa classe.

- Elle déteste Hitler…

- Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ?

- Aujourd’hui elle nous a expliqué comme il était méchant avec les Juifs. C’est pas bien de persécuter les gens, hein, Jem ? Je veux dire même en pensée ?

- Evidemment que non, Scout ! Qu’est-ce qui te prend ?

- Eh bien, l’autre soir en sortant du tribunal, Miss Gates… elle descendait l’escalier devant nous, tu l’as peut-être vue…. Elle parlait avec miss Stephanie Crawford. Je l’ai  entendu dire qu’il serait temps que quelqu’un leur donne une bonne leçon, qu’ils se sentaient plus et qu’un de ces jours ils finiraient par penser qu’ils pouvaient nous épouser. Jem, comment peut-on tellement détester Hitler si c’est pour ce montrer odieux avec les gens de son pays ? ».

Le père va se garder de tomber dans les passions. Il va faire se qu'il croit juste. 

Les enfants vont perdre un peu de leur innocence au cours de ce fameux été.

La fin est surprenante. On ne s’attend pas à cela.

C’est avec regret que j’ai quitter cette famille bien attachante et j’aurais aimé lire une histoire avec ses enfants devenus adultes… l’Amérique des années 50… mais ce roman n’existe pas.

 

Ce roman est un coup de cœur pour moi, car il est riche en émotion et en réflexion. Malheureusement on peut encore le transposer à notre époque.  La justice à deux vitesses etc.

 

Merci pour cette belle découverte.

 

NB : Est-ce que Halden dans "L'attrape-coeur" de Salinger ne parle pas de Scout ? 

 

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Commentaires
L
Je dois le lire, et je repousse toujours...il faut vraiment que je me lance.
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R
Merci pour vos commentaires. A+ pour d'autres LC.
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V
j'ai trouvé le début du roman un peu lent, mais le procès est vraiment bien décrit, avec tous les sentiments que l'on peut avoir. Ce n'est pas un classique pour rien ;)<br /> <br /> Merci de ta participation à la LC !
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N
c'est une très belle critique. Tout est dit, je n'ai rien à ajouter :)<br /> <br /> Pas un coup de coeur pour moi, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
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G
C'est la partie du tribunal qui m'a le plus marqué. La vérité est tellement évidente & pourtant.. C'est le genre d'injustice que je ne supporte pas & la fin m'a donc bien plus touché que la première partie du roman
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