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L'Atelier de Ramettes
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30 avril 2020

Le vieux qui lisait des romans d'amour

Luis Sepúlveda

Trad

Métaillé, 1992, 130 p.

Points, 7,90 €

 article publié précédement sur Parlons Livres

le vieux

4ème de couverture : "Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d'hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l'antidote au redoutable venin de la vieillesse : il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent d'amour, le vrai, celui qui fait souffrir. Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus."

Ma chronique :

Il  y a des livres qui vous accompagnent une partie de votre vie, celui-ci en fait parti. J’ai lu ce roman juste avant de découvrir les abords de la forêt amazonienne tout en étudiant des auteurs sud-américains…  Je me suis rendu compte en le relisant que j’avais mélangé deux romans celui-ci et un roman de Gabriel Garcia Marquez. C’est donc une bonne chose de l’avoir relu, il me reste à lire « pas de lettre pour le colonel ».
Ce roman commence fort avec le personnage haut en couleur du dentiste arracheur de dent, vendeur de dentiers et virulent contestataire de la politique gouvernementale.
Mais ce qui m'a beaucoup plu dans ce roman, c'est l'image de ce lecteur qui lit des livres qui lui parle d'un ailleurs qu'il ne connait pas, où Venise, les gondoles et les gondoliers sont des abstractions tellement énorme.  Nous lecteurs d’aujourd’hui nous n’avons qu’à cliquer sur le net pour avoir des photos des choses citées dans les livres, voir une vidéo ou écouter une musique. Et nous aurons la sensation d’avoir perçu l’ambiance dans laquelle baigne cette histoire, alors qu’eux font travailler leur imagination.
C’était émouvant de voir ce lecteur qui part à la recherche de livres, point d’amazon en Amazonie à ce moment–là, de plus il doit troquer pour avoir de quoi les obtenir, c’est toute aventure. Ajoutez à cela que c’est un homme dans un milieu très masculin et qui choisit de lire des livres d’amour.  Amour avec un grand A où il n’y a rien de sexuel,  c’est la première chose à laquelle pense un des habitants qui le voit lire… Il lit aux autres, ce qui entraîne des discussions sur des choses qui dépassent leur entendement. Puis le voir recevoir deux livres tous les six mois et la mise en place d’un rituel de lecture cela donne une dimension presque sacré à cet acte qui nous semble banal à nous lecteurs plus ou moins blasés. Et puis, il les lis et les relis, je trouve ça touchant. En même temps, Sepulveda désacralise cet acte de lire : nous avons d’une part le vieux qui n’a pas d’instruction et qui pourtant lit et de l’autre la prostituée qui devient indirectement sa conseillère…
Ce roman c’est aussi une dénonciation des exactions faites à la forêt amazonienne et ses habitants, ainsi que la colonisation au XX siècle et ses tromperies. Dans ce lieu nommé El Idilio rien n’est idyllique, entre les colons qui croyaient encore pouvoir trouver une possibilité de sortir de la misère et ceux qui croyaient trouver de l’or, nous avons toute la gamme des malheureux qui ont tout perdu jusqu’à leur âme. C’est la fin d’une civilisation et la perte des valeurs. Les shuars vivent encore en osmose avec la nature. Mais ils sont entourés de braconniers, de destructeurs et tout ce que la civilisation peu apporter, alcool et violence, recherche du profit à tout crin. Quitte à causer la perte de toute une région.
Les souvenirs de Antonio José Bolivar Proano nous permettent de comprendre qui il est et comprendre sa vraie nature. Ce respect des hommes et de la nature qui l’entoure. Il va se retrouver embarqué dans cette aventure malgré lui.

Je ne m’attarderais pas sur le côté absurde que sont l’introduction des taxes et les paperasses et autres directives de l’Etat, la corruption et les dérives du pouvoir dans cette nature indomptée et dangereuse.

 

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neveu d'amérique

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