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L'Atelier de Ramettes
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17 octobre 2017

Aux confins du monde

Karl Ove Knausgaard

Trad. Marie-Pierre Fiquet

Editions Denoël, août 2017, 648 p., 24,50 €

Mes lectures Denoël

Challenge rentrée Littéraire 2017

B26635

4e de couv. :

À dix-huit ans, fraîchement sorti du lycée, Karl Ove Knausgaard part vivre dans un petit village de pêcheurs au nord du cercle arctique, où il sera enseignant. Il n'a aucune passion pour ce métier, ni d'ailleurs pour aucun autre : ce qu'il veut, c'est mettre de côté assez d'argent pour voyager et se consacrer à l'écriture. Tout se passe bien dans un premier temps : il écrit quelques nouvelles, s'intègre à la communauté locale et attire même l'attention de plusieurs jolies jeunes femmes du village. S'installe peu à peu la nuit polaire, plongeant dans l'obscurité les somptueux paysages de la région et jetant un voile noir sur la vie de Karl Ove. L'inspiration vient à manquer, sa consommation d'alcool de plus en plus excessive lui vaut des trous de mémoire préoccupants, ses nombreuses tentatives pour perdre sa virginité se soldent par des échecs humiliants, et pour son plus grand malheur il commence à éprouver des sentiments pour l'une de ses élèves.

 

Mon billet :

Une nouvelle fois mon choix c’est porté sur ce roman grâce à sa couverture avec le regard acéré et le visage buriné de l’auteur, il se dégage un certain charisme. Je pense aussi avoir été influencé par le fait que j’ai le même âge que l’auteur.

Ce roman est le cinquième opus, il se lit aisément sans avoir lu les précédents. Je suppose que d’avoir lu ce qu’il nous dit de son enfance et de ses relations familiales cela peux donner certaines indications.  

Ce roman traite de plusieurs thèmes mais celui de l’autofiction est celui qui m’a le plus intéressée.  C’est raconté au présent comme une narration en train de se vivre, il y a bien des flashs back et des réflexions actuelles mais elles ne sont pas majoritaires. Cette conviction qu’a le narrateur/auteur d’être né pour être écrivain c’est ce qui va le guider. On va le suivre pendant une année scolaire. Il a 18 ans et veut écrire.

Cette certitude dans ses capacités à écrire, le rend presque prétentieux, comme peuvent l’être les gens de cet âge. En même temps il ne cache pas au lecteur ses faiblesses et ses petites lâchetés ainsi que les coups bas qu’il va subir et autres mésaventures.

J’ai beaucoup aimé comment au fil des souvenirs viennent se mêler des réflexions sur la mémoire et les petits arrangements dans la réécriture des faits.

Je ne connais pas la littérature norvégienne alors je n’ai pas été sensible à tous les titres cités, ainsi que pour bon nombre de références musicales. Toutes ses références doivent donner une touche supplémentaire pour bien cerner le personnage.

Pour la petite anecdote je lisais un autre roman où un personnage était passionné par la musique avec un regard pointu sur la musique. « Un funambule sur le sable ». Revoir ici aussi un personnage avec des milliers de vinyles qu’il cherche à lier les uns avec les autres, cela m’a fait sourire.

Ce fut un dépaysement lire ce roman, voir Karl Ove vivre dans cette partie nord de la Norvège, ainsi que ses brefs déplacements. Mais comme la plus grande partie du récit se déroule dans le nord, on apprend beaucoup de choses sur cette petite communauté de pêcheurs.

Nous sommes fins des années 80 et cela m’évoque beaucoup de choses.

L’autre grande préoccupation de Karl Ove, c’est son éducation sexuelle. Il a 18 ans, il est puceau et évidemment il est obsédé par se qui se passe sous la ceinture. Il évoque aussi le peu de différence d’âge qu’il a avec certaines de ses élèves. A nouveau le fait d’être dans une petite communauté va devenir un poids pour lui et les autres.

On se demande quand il va dépasser la ligne rouge et avec qui. L’isolement dans cette partie de la Norvège est accompagné par l’ennui. Il n’y a rien à faire, il n’y a pas d’avenir. Il n’y a rien à faire, il n’y a pas d’avenir florissant. L’alcool est un dérivatif mais un mauvais conseilleur. Le narrateur semble avoir cédé à certains penchants. L’alcool engendre des situations équivoques, humiliations et la violence est plus ou moins omniprésence.

Ce qui m’a aussi intéressé dans un premier temps c’est tout ce qu’il expose sur la culture et les perspectives d’avenir de cette communauté. Ces jeunes adolescents qui ne  prennent  pas au sérieux leur scolarité par défaitisme, ça sous-entend à quoi bon pour finir chômeur, pêcheur et alcoolique… C’es jeunes qui d’office s’opposent à l’autorité des jeunes du sud du pays inexpérimentés qui  ne font que passer le temps d’une année scolaire. Dans les conversations on réalise qu’il y a un manque de suivi qui ne donne pas envie de s’investir à ses laissés pour compte de la société norvégienne. Il y a un cercle vicieux qui s’est installé.

Il n’ay aucun discours politique, juste un constat.  Il suffit pourtant de savoir les prendre et leur donner confiance. Ce qui est dommage, c’est ce manque de suivi. L’année d’après une autre méthode, une autre approche sera mise en place par un autre jeune bachelier.

Ce roman d’autofiction traite des relations à l’autre. Désirs, jalousie, solitude, violence, amitié… on est à l’âge de tous les possibles et de tous les extrêmes.

La narration est très fluide et j’ai pris grand plaisir à suivre les aventures de ce jeune homme qui cherche à être indépendant et à vivre ses passions.

La famille est aussi un thème très intéressant, c’est un sujet à creuser.

C’est ce qu’on appelle un roman de formation, on va le voir grandir un peu, en presque un an il va devoir apprendre de ses erreurs ou pas.

Cette région du monde joue un rôle dans la notion de temps avec la lumière. Jour sans fin ou nuit sans fin, conjugué à cette notion de bout du monde « Aux confins du monde » cela donne un cocktail assez explosif pour l’esprit surtout combiné à l’alcool.

J’ai tellement pris plaisir à lire sa prose que j’ai bien envie de lire les romans précédents lorsque l’occasion s’en présentera.

Je remercie les Editions Denoël pour leur confiance.

Denoel

 

RL 2017

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