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L'Atelier de Ramettes
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24 février 2017

La fin d'une imposture

Kate O’Riordan

Trad. (anglais Irlande) Laetitia Devaux

Folio, 2016, 438p., 8,20 €

 Mes lectures FOLIO

fin imposture4e de couv. :

La veille de Noël, deux policiers frappent à la porte d’une jolie maison située dans une banlieue cossue de Londres. Rosalie est déjà lancée dans les préparatifs de cette fête de famille, comme pour oublier que Luke l’a trompée, lorsque les policiers leur annoncent le décès de leur fils aîné. Des mois de descente aux enfers s’ensuivent pour les parents et Maddie, leur deuxième enfant en pleine adolescence. Une chute qui semble brusquement s’interrompre lorsque mère et fille rencontrent Jed dans un groupe de parole. Jeune homme au charme envoûtant, il sait vite se rendre indispensable à la famille. Mais la vulnérabilité qu’a créée ce deuil n’est-elle pas la porte ouverte à toute forme d’emprise?

Ma chronique :

Ce thriller nous entraîne dans les tourments d’une famille en deuil,  un huis clos à l’atmosphère létale. On suit  les personnages  sur une pente bien glissante jusqu’à s’enliser dans des sables mouvants.

C’est un roman à la troisième personne, mais c’est surtout sous la focale de la mère : Rosalie que l’on va découvrir les événements. La mort du fils va servir de déclencheur pour que les crises atteignent leurs paroxysmes. Le couple en crise sa se séparer, la fille une ados perturbée de 15 ans va partir complètement en vrille.

Puis apparaît un jeune homme trop beau et trop serviable pour être un ange. Il y a une part de mystère et d’ombre qui le rend inquiétant. Il m’a tout de suite fait penser au personnage de Ripley de Patricia Highsmith.

Les choses se font par petites touches. Luke (le père), Rosalie (la mère), Tom (le prêtre) se rendent compte que quelque chose de malsain est en train de se jouer mais c’est comme s’ils ne pouvaient rien faire pour l’en empêcher. Comme si c’était une pénitence après la mort du fils.

Kate O’Riordan a créé des personnages empêtrés dans la culpabilité, est-ce pour cela que la religion présente est le catholicisme ? Elle va jouer avec les divers aspects psychologiques pour les mener  à  leur perte ? à leur rédemption ? Vont-ils avoir la force de dépasser leurs faiblesses ?  Vont-ils succomber à la tentation ?

Des secrets, des non-dits ne font qu’augmenter  le sentiment de culpabilité. Et la religion va-t-elle leur être d’une quelconque utilité ?

Rosalie incarne la gardienne des traditions, de la maison et de la famille. La perte de son fils, puis la chute de sa fille vont dans un premier temps  déstabiliser sont univers parfait. Mais c’est justement dans son rôle de mère qu’elle retire sa force et qui la maintient en vie. Protéger les siens malgré ses souffrances. Elle semble suivre son propre chemin de croix.

Dans un premier temps, j’ai cru que cela tournerait autour de « l’accident » du fils en Thaïlande mais Kate O’Riodan a détourné notre attention par d’autres problématiques. Certaines interrogations de Rosalie sont restées longtemps  en arrière plan et au stade embryonnaire.

Comme un maître se l’illusion, Kate O’Riordan mets sous les feux de la rampe d’autres problèmes.

Les trois quarts du roman sont consacrés à la mise en place des personnages et des relations complexes qui s’installent. Il y a une certaine lenteur avec des soubresauts, des rebondissements plus ou moins forts.

« Rosalie l’observa pour jauger son sérieux. Il avait une expression enfiévrée. Elle ne connaissait pas ce Jed-là. Elle pris conscience qu’il «était un être multiple. Peut-être que les gens trouvaient en Jed ce qu’ils avaient besoin de trouver et qu’ils réagissaient à la manière d’un caméléon, parce que c’était son mode de survie. » (p.215)

Le thème de la sexualité est assez présent d’une part on a l’adolescente avec son éveil à la sexualité avec comme leit motiv « elle n’a pas l’âge légal ». D’autre part on à le père qui a eu une incartade avec la femme fatale, on a la femme blessée, trompée trahie … puis la tentation ! La sexualité est un thème récurrent  qui accompagne la mort, comme un besoin de jouer à recréer la vie pouvait équilibrer la perte d’un être cher.

Les femmes de caractère livrées à elles même peuvent être dangeureuses !

J’ai bien aimé comment certaines scènes se répondent entre elles.  Le fils est parti en vacances loin des siens et meurt, le père part en Patagonie affronter des dangers climatiques (catastrophe aérienne, froid mortel). On souffle le chaud et le froid.

J’ai retenu un autre exemple d’effet miroir. D’une côté on a la perle de cristal qu’on offre à Rosalie et qui représente un moment d’égarement, tandis qu’au même instant Luke est en Patagonie dans un monde de cristal et de glace pure. Thème Impureté et pureté.

Il y a aussi tout un travail sur le passé et le présent, sur ce qui nous a construits. D’où nous venons a une influence sur où nous allons. La position sociale, le milieu de vie, la religion,  Kate O’Riodan donne à chacun de ses personnages un caractère lié à tout cela. L'argent fausse aussi les valeurs de vie et de mort...

Kate O'Riordan joue aussi entre Irlande et Angleterre, là encore cette idée d'effet miroir est renforcée par cette sorte de double vie.

Vous l’aurez compris ce thriller est riche en sujets de réflexion. Ma préférence va à l’image de « mère lionne » tu touches  à mes petits …

Je remercie les Folio de m’avoir permis de passer le pas… Je vais certainement piocher dans d’autres romans de cette auteure irlandaise.

 

folio policier 16

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