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L'Atelier de Ramettes
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23 novembre 2016

Les grands

Sylvain Prudhomme

Folio, 2016, 250 p., 7,10 €

Mes lectures Folio

grands

4e de couv. :

«Ça leur était tombé dessus. Ils avaient eu ça. La vie leur avait donné cette chose dont tous les musiciens rêvent. Que pouvait bien leur foutre tout le reste.»

Guinée-Bissau, 2012. Guitariste du Mama Djombo, un groupe fameux de la fin des années 1970, Couto vit d’expédients. Alors qu’un coup d’État se prépare, il apprend la mort de Dulce, la chanteuse. Le soir tombe sur la capitale, les rues bruissent, Couto déambule. Dans ses pensées trente ans défilent, souvenirs d’une femme aimée, de la guérilla contre les Portugais, mais aussi des années fastes d’un groupe qui joua une musique neuve, portée par l’élan et la fierté d’un pays. Au cœur de la ville où l’on continue de s’affairer, indifférent aux premiers coups de feu qui éclatent, Couto et d’autres anciens du groupe ont rendez-vous : c’est soir de concert au Chiringuitó.

Mon Billet :

J’ai eu le plaisir de rencontrer Sylvain Prudhomme lors d’une présentation de ce livre en grand format à Lagrasse. Il se dégage de cet auteur musicien une belle joie de vivre, une envie de partager ses expériences et son amour de l’Afrique, une belle aura. Son roman je ne l’ai pas acheté ce jour-là mais j’avais noté dans ma wish list. Alors vous imaginez bien que lorsque Folio me proposa de le lire je n’hésitais pas. Mais allais-je retrouver l’enthousiasme communicatif de Sylvain Prudhomme après tout ce temps ?

Dès la première page on est transporté dans un autre lieu. La Guinée-Bissau avec son créole mâtiné de portugais. On est en ville en 2012, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui est devenu indépendant en 1974. L’histoire se déroule au moment des élections et on va voir les personnages parler de leur pays et de ce qui s’y déroule (passé et présent), considérations du quidam qui ne se fait pas trop d’illusion, un peu désabusé. Ça ne vous rappelle rien ?

D’entrée, on est dans tout ce qui touche au corps, son côté charnel qui va contrebalancer l’annonce de la mort de Dulce. Dulce l’absente, celle qui a quitté le groupe il y a très longtemps. Un groupe qui s’est reformé après vingt ans de séparation mais sans elle mariée à un général. Avec cette annonce ce sont les souvenirs de jeunesse et toutes les sensations passées qui refont  surface. Le pays à changé et les gens aussi, les corps ont vieilli mais le rythme est là, l’amitié est là aussi.

Sylvain Prudhomme a pris pour personnages centraux les membres d’un groupe qui existe et qu’il côtoie, il a inventé les scènes et ajouté des personnages fictifs comme Coutou et Dulce. Alors on peut se laisser emporter par leur musique qui existe. Cela rejoint une thématique dont je parlais précédemment en parlant de « D’après une Histoire vraie » le mélange de réalité et de fiction.

Le texte est émaillé d’expressions créoles avec une recherche d’équivalence pour que le lecteur ne soit pas perdu tout en créant une atmosphère avec un langage très fleuri, très imagé. Un langage un peu exotique pour moi, l’auteur partage le plaisir des expressions et des sonorités.

C’est cela on est  dans la quête d’un bonheur dans tout, dans les mots, dans les rencontres, dans le sexe, dans la musique, les odeurs … Ce roman n’est pas triste même s’il aborde des sujets touchants.

Il ya une grande présence du corps que ce soit le musicien qui joue de la conga cinq heures d’affilé et qui urine du sang, que ce soit le musicien qui joue jusqu’à faire saigner se doigts, l’étudiant mort lors d’une manifestation. Et puis il y a le corps de Dulce au milieu des fleurs blanches…

Alors que l’enterrement de Dulce se prépare, ont lieu des élections avec des manifestations étudiantes, c’est un moment de vie intense, d’effervescence. Paradoxe de la vie et la mort.

J’ai adoré la kyrielle de noms au charme exotique : Coutou, Dulce, Nunu, Keba, Esperança, Atchutchi, Miguelinho, Zé etc.

Sans parler de la cuisine avec les assiettes de Thiep fumant, de riz au poisson, de morceau de cochon dans une sauce au miel et au citron et j’en passe ! Ce n’est pas une cuisine que je connais mais Sylvain Prudhomme nous donne envie d’y goûter.

Il y a un mélange de dialogues directs et indirects, au fur et à mesure qu’on avance avec Coutou. C’est un texte très fluide qui se lit vite, il y a du mouvement. Il y a les danses des corps, la musicalité de la rue. On a les cinq sens en éveil. Sensation de toucher avec ses corps sensuels. Les odeurs corporelles, culinaires et de la rue… Alors que l’histoire commence avec l’annonce d’une mort, on est dans la vie.

On retrouve des thèmes comme l’amitié et l’entraide, de communauté.

Je remercie les Editions Folio pour leur confiance.

folio bleu

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