L'art de naviguer
Antonio de Guevara
Editions Vagabonde, 2010, 132 p., 11 €
Mes lectures La voie des Indés / Libfly
Mois de Mars 2016 Editions Vagabonde
4e de couv. :
À l'heure de lever l'ancre, les mots perdent pied. Si les dangers de la navigation ont nourri depuis l'Antiquité bien des traités de prudence, ils ont aussi inspiré un sermon dans lequel la mer et la déraison se confondent. Débusqué dans les replis d'un monde révolu - l'Espagne conquérante du XVIe siècle -, cet art de " galérer ", oeuvre d'un moraliste avant la lettre, porte aussi au-delà de son époque : son écriture drolatique et hautement polyphonique - tissée de paroles dont il n'est pas l'auteur, d'histoires dont il n'est pas l'acteur - entre en étrange résonance avec notre sort actuel.
Mon billet
C’est un ouvrage très intéressant d’un point de vue littéraire. Chaque chapitre est une sorte de discours, harangue, un exercice de style, il ne faut pas oublier que ce franciscain était un prédicateur, un chroniqueur. L’auteur utilise la rhétorique pour valider ses propos, il se veut convainquant, il n’y pas de place au doute. C’est un texte qui demande à être étudié. Pour les étudiants du Siècle d’Or espagnol c’est une figure incontournable. Mais si comme moi vous le lisez pour le plaisir de la langue, les nombreuses notes permettent de ne pas tomber dans le « panneau » des affirmations d’Antonio de Guevara.
Il y a ce côté emphatique du discours qui peut aujourd’hui faire sourire mais j’imagine comme cela devait être pris au premier degré et au sérieux, point d’internet pour vérifier les données. Il est très convainquant d’autant plus de part sa position à la cour.
La préface de Pierre Senges et l’article de Catherine Vasseur nous remettent bien dans la « réalité » de l’époque. Ce qui m’a fait rire c’est le titre original « el arte de marear » : « marear » c’est naviguer en mer mais ce verbe aujourd’hui a aussi le sens de donner le tournis, la nausée, le mal de mer !
En parlant de mer il y a un chapitre qui n’est pas tendre avec la mer : « ses eaux sont amères », elle fait preuve « arrogance » avec des phrases assez courtes il assène ses sentences. J’imaginais bien le prédicateur sur sa chaire son auditoire complètement tétanisé.
L'objet livre est aussi de qualité, pages épaisses, mon seul bémol c'est que c'est écrit petit
Je remercie La Voie des Indés qui m’a fait découvrir la maison d’édition Vagabonde.