La grâce des brigands
Véronique Ovaldé
Editions de l’Olivier, 2013, 285 p., 19,50€
Note : 17/20
LU DANS LE CADRE Des
« MATCHS DE LA RENTREE LITTERAIRE »
4 e de couv :
Maria Cristina Väätonen a seize ans lorsqu’elle quitte la ville de son enfance, une bourgade située dans le grand Nord, entourée de marais et plongée dans la brume la plupart de l’année. Elle laisse derrière elle un père taciturne, une mère bigote et une soeur jalouse, pour s’installer à Santa Monica (Los Angeles). C’est le début des années 70 et des rêves libertaires.
Elle n’a pas encore écrit le roman dans lequel elle réglera ses comptes avec sa famille, et qui la propulsera sur la scène littéraire. Et elle n’est pas encore l’amante de Rafael Claramunt. Séducteur invétéré, cet excentrique a connu son heure de gloire et se consacre désormais à entretenir sa légende d’écrivain nobélisable. Est-il un pygmalion ou un imposteur qui cherche à s’approprier le talent de Maria Cristina ?
Ma chronique :
J’ai reçu ce livre dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire. La sélection était assez représentative de ce que j’aime, alors le choix de ce roman tiens surtout au nom de l’auteur, dont j’aime l’écriture et l’univers. Mais ce type de choix comporte un risque… comment va être cette nouvelle histoire ?
Je n’ai pas lu ce roman dès son arrivée, alors j’ai eu sous les yeux pendant quelques jours cette couverture… On s’interroge en voyant cet homme dans cette position d’abandon sur un bain de soleil. Que signifie la main posée sur les yeux ? Lassitude, épuisement, voile-t-il la vérité, introspection, ou entre les doigts légèrement ouverts laisse t-il filtrer un peu de lumière extérieure ? Vous allez me rétorquer que la couverture d’un livre n’a pas forcément un rapport avec le contenu, mais on ne peut s’empêcher de se poser des questions. Lorsque l’on referme le roman après la dernière ligne, on se rend compte que l’on a un peu de tout ce que présageait cette image.
Lorsque le roman commence, on croit partir sur le thème de la famille et des relations conflictuelles qui régissent ce microcosme. Et au fur et à mesure que la narration progresse le roman se recentre sur le personnage principal.
On retrouve un des thèmes favoris de Véronique Ovaldé : « la Femme » … la femme dans tous ses états, la femme qui doit tout mener de front. Joana n’a pas besoin de savoir qui est le père de son enfant, elle assumera. Où est le père de l’enfant de Meena ? Le père de Peeleete est gourou dans la forêt ! Le père de Meena et Maria Cristina, s’est réfugié dans sa bulle. Rafael Claramunt vit dans sa tour d’ivoire. Le seul homme qui « assume » porte comme prénom Judy, un surnom féminin. Quand aux femmes, elles doivent être fortes, affronter la violence des hommes, les coups du sort et elles sont là aussi pour s’entre aider, elles ne sont pas des personnages « lisses ». Maria Cristina aura Joana pour découvrir la ville et la vie d’adulte. Véronique Ovaldé tisse une toile entre les gens et on se demande qui joue le rôle de l’araignée, chacun son tour sans doute.
Ce qui m’a plu dans ce roman, c’est la structure spacio-temporelle. L’héroïne vit à Los Angeles en 1989, elle est au point mort. L’élément déclencher : un coup de fil et le passé la rattrape et les choses s’accélèrent. Au fur et à mesure qu’elle va vers sa ville de naissance, elle revit son passé. Véronique Ovaldé retrace les évènements jusqu’à cet instant. Lorsqu’elle reprend la route de Los Angeles on retrouve le présent et le futur qui viennent modifier l’état d’esprit de Maria Cristina, comme un deuxième souffle qui va modifier sa vie.
Maria Cristina a vécu vingt ans dans la carapace qu’elle s’est construite, cette coquille trop petite et rigide la protégeait mais elle en même temps la rendait prisonnière. Elle qui avait quitté Lapérouse, petite ville étriquée pour Los Angeles la diabolique.
La thématique religieuse nous montre les méfaits du fanatisme, de l’inculture pour petit à petit nous conduire vers la rédemption et la « grâce ». Ceci apparaît en filigrane, il n’y a pas de thèse…
Un petit mot sur le narrateur (ou narratrice), il apparaît au début dans les grandes parenthèses, comme quelqu’un d’extérieur, puis à la fin il fait partie du « nous » collectif. On ne sait pas qui il est exactement. C’est un procédé littéraire qui n’est pas très habituel. Le narrateur se justifie au début comme s’il s’agissait vraiment de quelqu’un de réel.
Ce roman confirme ce que je ressens pour l’univers littéraire de Véronique Ovaldé. Construction, destruction et reconstruction, des vies se croisent et se séparent mais que de bouleversement entre les deux.
Merci les marraines et Pricemister pour cette belle découverte.
2/2
Attendons les résultats maintenant !
16
90
*****
Mes autres Chroniques sur Véronique Ovaldé
Ce que je sais sur Vera Candida
*****
Dans ma Pal il y a
Des vies d'oiseaux