Leonardo Sciascia

Livre de poche, biblio, 1988, 121 p.

 

LU DANS LE CADRE DU CHALLENGE « UN MOT, DES TITRES »

chevalier

4 e de couv :

Les coups de feu, il les entendit, lui sembla-t-il, dans un temps incommensurablement antérieur à l'instant où il se sentit touché. Il tomba en pensant : on tombe par précaution et par convention. Il pensait pouvoir se relever, mais il n'y réussit pas. Il se souleva sur un coude. La vie s'en allait, fluide, légère ; la douleur avait disparu. Au diable la morphine, pensa-t-il. Et tout était clair, à présent : Rieti avait été abattu parce qu'il avait parlé avec lui. (Leonardo Sciascia). Une mystérieuse association subversive, des crimes inexpliqués, et l'enquête d'un commissaire de police amoureux de la gravure de Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable. Ce récit est l'un des derniers textes écrits par Sciascia : derrière l'intrigue policière serrée et l'atmosphère étouffante du " thriller ", on devine comme une désespérance. Leçon : le Diable n'a plus besoin de s'occuper du monde, les hommes le font pour lui et réussissent parfaitement dans cet emploi.

 

 

Ma chronique :

Ce challenge est un bon moyen de se replonger dans sa bibliothèque et d’extraire des livres que l’on a voulu lire au moment de l’achat et qui ont fini par prendre de la poussière. Merci Calypso !

C’est le cas de celui-ci. Acheté en Avril 2012 je ne l’aurais finalement lu en avril 2013.

Ce qui m’a fait acheter ce livre c’est d’une part sa couverture et d’autre part son titre. La couverture est un fragment d’une gravure de Dürer, qui porte le même titre que le livre. Un peintre dont je partage la passion avec une amie.

A  noter l’intéressante préface de Linda Lê, auteur dont je n’ai entendu le nom que depuis la sortie de « lame de fond ».

Intéressons-nous au texte lui-même. Les personnages apparaissent parfois par leur nom mais leur position dans la société semble conférer une certaine distance entre le narrateur et eux. Nous avons « l’adjoint » comme personnage principal. Un policier qui à travers la gravure « le chevalier, la mort et le diable » de Dürer, qui fait partie de ses biens terrestres, voit la société d’un autre œil. « Le Chef » sont supérieur qui le ménage sachant sa mort proche. « Le président » principal suspect dans la mort de « l’avocat  Me Sandoz» mais qui est intouchable. Le Dottor Rieti « le juif » qui se trouve à mi-chemin entre « le président », « l’avocat », « l’adjoint ».

Nous avons ensuite trois personnages de femme : « la femme mûre », « la femme fatale », « la femme » qui va le réconforter.

Et puis, il y a le personnage principal universel : « La Mort ». La mort dans le tableau, la mort dans son corps malade, la mort dans les cadavres qui jalonne son parcours de policier.

Sciascia déploie son érudition tout au long de ce bref conte policier. Il donne envie de se plonger dans « l’île au trésor », « les âmes mortes » etc. Il y a aussi d’autres référence littéraires : Hugo, Leopardi, Feydeau, Proust…

Nous avons aussi des références à la Révolution Française et à ses descendants qui vont se matérialiser sous l’appellation « Enfants de 89 » « groupe d’action Saint-Just ».

Mais tout dans cette histoire apparaît comme un décor de théâtre. Le narrateur nous fait bien comprendre que rien ne va vraiment être mis en œuvre pour que la vérité sorte au grand jour. Tout le monde sait  mais personne ne peut rien dire.

L’adjoint va petit à petit prendre du recul et abandonner les préoccupations terrestres. Il n’a pourtant rien à perdre alors sera-t-il un danger pour la stabilité de se monde d’apparence ?

La chute est brutale.

J’ai découvert un auteur italien qui m’a l’air intéressant… Il faudra que je trouve d’autres romans pour voir le reste de son univers littéraire.

Un-mot-des-titres

 

 

challe100

34/100

 

chevalier tableau

Tableau de Dürer