ORIANOR
Tome 1 la Cité aux sept murailles
Jean Avril
2012, 113 p.
LU DANS LE CADRE D'UN PARTENARIAT LES AGENTS LITTERAIRES / CIMA
Rihel, la Cité aux sept murailles, agonise dans les flammes : quarante années de siège, pour une poignée de cendre…
Depuis des millénaires, les humains sont en guerre contre les forces de So’Ghol, la Montagne Noire. Après la chute de Rihel, un seul Trône reste encore aux mains des humains : celui de la Citadelle de Céless, coeur du royaume de l’Endriel. Beaucoup disent que la situation est sans espoir, et pourtant plusieurs se tiennent encore debout, déterminés à poursuivre l’oeuvre de résistance. Ensemble, ils continuent d’écrire une épopée traversant les âges.
Mon avis :
Un grand merci aux « agents littéraires » et « Cima » pour m’avoir fait découvrir ce roman de Jean Avril. Ce roman nous vient du Québec via Amazon, sans ce partenariat je suis sûre que je serais passé à côté. Quel dommage.
Tout d’abord un petit mot sur l’objet livre. C’est le premier livre que je lis de cette maison d’édition. La taille, la forme et la police d’écriture m’ont plu, ainsi que la carte au début du livre. Par contre je n’aime pas le graphisme de la couverture, mais c’est une question de goût personnel. Cima édition semble n’avoir dans son catalogue que ce roman. Une carte permet de nous repérer dans ce pays imaginaire. La Montagne Noire reste un mystère.
La brièveté du récit, 113p, laisse présager d’autres aventures à venir… j’espère qu’il n’y aura pas trop de temps à attendre entre les épisodes.
Dès le début, nous entrons dans l’univers de la fantasy.
Le tableau initial nous montre un esclave ayant en lui la mémoire héréditaire de sa communauté qui refait surface en lui rendant la liberté un instant.
Puis on bascule au cœur des événements.
Nous avons les éléments classiques du genre :
- Le chevalier juste qui va devoir protéger l’héritier du trône et l’éduquer.
- Le bon roi trahi et le royaume perdu.
- L’arrivée triomphale des forces du mal et leur cohorte d’êtres monstrueux.
A partir de là, nous allons suivre trois aventures :
- Celle du peuple réduit à l’esclavage qui est emmené vers la Montagne Noire.
- Celle du jeune prince et les forces alliées, promesse de résistance.
- Des chevaliers, des aventuriers qui viennent en renfort vers le prochain Royaume menacé.
Nous retrouvons les forces surnaturelles de la magie avec les sorciers maléfiques et la magie positive des êtres protecteurs de la nature.
Les expériences extrasensorielles sont liées au rêve. Par ce biais nous apprenons en même temps que le chevalier ce qui est arrivé dans la salle du trône après leur départ.
Le fil conducteur est la lumière contre les ténèbres.
Nous avons des scènes de bataille, avec les détails sur les armes employées.
Les noms toponymiques et les noms des personnages font vraiment penser à l’univers de la fantasy.
Tous les codes du genre sont connus de l’auteur et les personnages ne dérogent pas à la règle.
De part bien des côtés ce roman est conventionnel. Mais Jean Avril a su trouver son univers propre qui donne envie de suivre les personnages. Le beau rôle est donné aux dames.
L’écriture est fluide, il n’y a pas de surenchère dans les descriptions. Nous entrons tout de suite au cœur de l’intrigue. Les chapitres sont courts, ce qui donne un certain rythme au récit puisque l’on passe d’un groupe à l’autre.
J’ai apprécie les références (peut-être y en a-t-il d’autres) que j’ai remarqué (ou interprété) :
- La maison d’édition se nomme CIMA et le héros vient de DAÏ-CIMA. (p.30)
- L’allusion aux Moulins à Vent de Don Quichotte. (p.87)
- Les allumeurs de réverbères du Petit Prince de Saint-Exupéry.(p.94)
Nous avons le thème de l’esclavage qui est un thème classique des conquêtes de territoire. On y voit ici un parallèle avec les bateaux négriers.
L'utilisation des chaînes : elles permettent de savoir à quel clan on appartient. S’y développe la solidarité, alors que les nammoréens cherchent à diviser pour mieux régner.
On est dans la dualité : pour ou contre, ombre ou lumière, esclave ou résistant, traître ou loyal, monde civilisé de la lumière, chaos du monde des ténèbres.
Roman de la verticalité. Verticalité écrasante et combative de la Montagne noire. Verticalité de l’homme debout et la résistance. Ainsi qu’une particularité que l’on découvre en Endriel et je ne veux dévoiler. Etc.
Contraste entre la montagne noire sans vie et les plaines ravagées de Alsama, les forêts de Lothmar encore peuplées d’êtres protecteurs. L’horizontalité semble représenter l’espoir et l’avenir.
Nous avons le thème de la mémoire. La réécriture de l’Histoire, la propagande, la montagne gravée pour servir la gloire des conquérants. Graver dans la pierre pour frapper les esprits. Les vainqueurs ne laissent pas de place à l’oralité.
Tout n’est pas noir dans ce roman, il y a des scènes d’espoir, des moments de rêve, des rires et de l’humour dans certaines répliques, tout ce qui renvoi à la vie.
Il s’agit d’un premier tome alors il y a une mise en place des éléments, mais le dernier quart tout ce met en place et l’histoire prend son envol… mais comme on dit « la suite dans le prochain épisode »…
Citation 1 : la Montagne Noire
« Près de la Montagne Noire, on ne pouvait qu’être obnubilé par sa hauteur vertigineuse. Comme ses compagnons d’infortune, Uriss levait la tête avec insistance, en tentant d’en voir le sommet, mais c’était impossible. La cime se perdait dans le tourbillon de nuages qui couvraient en permanence le ciel et qui semblait ne faire q’un avec la montagne. Combien haute encore était l’aiguille, au-delà de ce voile ? […]
La montagne criblée de trous et de certain s d’entre eux émanaient des volutes de fumée. Depuis des millénaires, les rakhanes, ainsi que les esclaves, l’avaient creusée en tous sens, la rendant semblable à une fourmilière. D’énormes ouvertures, pouvant accueillir des édifices entiers, apparaissaient à sa base, tels de silencieux hurlements. Ces entrées étaient fermées par des grilles colossales.
La façon dont la montagne était ornée était plus étrange encore. Partout, des motifs inquiétants ou des figures affreuses étaient sculptés. » p.64
Citation 2 : Monde Onirique
« Des étendues de fleur blanches ravissaient le regard, parfaite harmonie avec le ciel limpide de ce monde suspendu dans le temps.
Une vallée qui ne pouvait être approchée que par la beauté. Tout y était clair, tel le cristal. Une lumière apaisante parcourrait les formes, tissant entre elles une toile de vie. L’ensemble vibrait, scintillant subtilement de mille notes et mille couleurs, cela sous la bienveillance de grands arbres sagement enracinés. Les papillons étaient radiance, et les oiseaux, musique. La rivière coulant au sein de la vallée provenait des hauteurs les plus sublimes…
Ce lieu ne connaissait nulle ombre. » p.68
Citation 3 : Alsama
«Une croisée de chemins se dessina au sein de la plaine ambrée, rompant la monotonie de la route qui se déroulait en ligne droite depuis des heures. […] De vieux panneaux de métal, inclinés sous la lourde pluie, indiquaient nonchalamment la direction à prendre. »
Citation 4 : Endriel
« Les voyageurs se trouvaient devant un fabuleux paysage peuplé de petits monts rocheux aux pentes abruptes. Les falaises coiffées de verdures baignaient dans le brouillard paisible de cette fin de journée. Le voile de vapeur était teint de jaune par la lumière du jour descendant. La magnifique rivière Célestine paraît l’ensemble d’un ruban de clarté, en traversant la ville d’Ess-Haera. » p.88
Si je devais noter ce roman je lui donnerais 4/5