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L'Atelier de Ramettes
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28 janvier 2011

Montedidio

Erri de Luca

2002, 206 p.

monte

«Chacun de nous vit avec un ange, c'est ce qu'il dit, et les anges ne voyagent pas, si tu pars, tu le perds, tu dois en rencontrer un autre. Celui qu'il trouve à Naples est un ange lent, il ne vole pas, il va à pied: "Tu ne peux pas t'en aller à Jérusalem", lui dit-il aussitôt. Et que dois-je attendre, demande Rafaniello. "Cher Rav Daniel, lui répond l'ange qui connaît son vrai nom, tu iras à Jérusalem avec tes ailes. Moi je vais à pied même si je suis un ange et toi tu iras jusqu'au mur occidental de la ville sainte avec une paire d'ailes fortes, comme celles du vautour." Et qui me les donnera, insiste Rafaniello. "Tu les as déjà, lui dit celui-ci, elles sont dans l'étui de ta bosse." Rafaniello est triste de ne pas partir, heureux de sa bosse jusqu'ici un sac d'os et de pommes de terre sur le dos, impossible à décharger : ce sont des ailes, ce sont des ailes, me raconte-t-il en baissant de plus en plus la voix et les taches de rousseur remuent autour de ses yeux verts fixés en haut sur la grande fenêtre.»

 

 

 

 

Billet :

J'ai trouvé ce roman très tendre. Un adolescent de 13 ans va entrer dans le monde adulte. Il quitte l'école et commence à gagner sa vie. On est à Naples dans un quartier pauvre. Les portraits intimes des personnages sont très beaux. On est juste avant l'élection de JFK. 

Nous avons des chapitres courts puisqu'il s'agit de notes que le jeune narrateur inscrit sur un rouleau de papier récupéré chez l'imprimeur du coin aux mains baladeuses.

D'un côté on a la disparition de la mère et de l'autre la petite "fiancée" qui fait sont entrée dans son foyer. On a une image de l'amour très belle avec l'histoire des parents du jeune homme. Maria est très importante dans la narration.

"'A iurnata è 'nu muorzo", la journée est une bouchée [...]" Première phrase du roman où on voit la place de la langue napolitaine dans l'histoire. "J'entends des cri et des voix napolitaines, je parle napolitain, mais j'écris en italien."Nous vivons en Italie, dit papa, mais nous ne sommes pas italiens. pour parler la langue nous devons l'étudier, c'est comme à l'étranger, comme en Amérique, mais sans s'en aller. Beaucoup d'entre nous ne le parleront jamais l'italien et ils mourront en napolitain. C'est une langue difficile, dit-il, mais tu l'apprendras et tu seras italien. Ta maman et moi non, noi nun pu, nun puo, nuie nun putimmo." Il veut dire "nous ne pouvons pas", mais le verbe ne lui vient pas. Je le lui dis, "nous ne pouvons pas", bravo, dit-il, bravo, toi tu connais la langue nationale.Oui, je la connais, je l'écris même en cachette et je me sens un peu traître au napolitain [...] Maman n'est pas d'accord avec papa, elle dit : "nous sommes napolitains, un point c'est tout." Mmon Italie, dit-elle avec deux m, mnon Italie est en amérique est en Amérique, là où vit la moitié de ma famille.[...]" (p.27)

Ces thématiques de la langue et de l'immigration sont présentes tout au long  de la narration.

On a le cordonnier juif et bossu qui répare depuis près de 20 ans les chaussures gratuitement des gens du quartier en attendant de "s'envoler" vers la terre promise. Sa bosse serait la poche où poussent des ailes d'ange.

Nous avons le ébéniste qui a embauché le jeune qui partage son magasin avec le cordonnier.

Nous avons le marchand de peignes, le marchand ambulant. 

Nous avons le propriétaire grippe sous qui profite de la pauvreté de ses locataires, droit de cuissage. 

Des allusions à la seconde guerre mondiale et ses drames.

 J'ai découvert un auteur très qui aime apparemment son pays et sa langue. Et je pense découvrir d'autres oeuvres de Erri De Luca.

Encore une belle lecture.

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